Nouvelle avarie du tram(trolleybus guidé, dit "trogui" NDLR)

Les conducteurs du tramway de Nancy ont cessé leur service mercredi soir, invoquant leur droit de retrait.

Un accident mardi soir a déclenché leur colère, à trois jours des élections municipales.

NANCY. - "C'est quand même un convoi exceptionnel que nous conduisons. Ils nous fournissent du matériel, qu'ils nous fournissent la sécurité avec!" Les conducteurs du tramway de Nancy n'ont pas mâché leurs mots hier, dans leurs discussions avec leur chef de réseau, Alain Bertrand.

Les chauffeurs ont arrêté leur service mercredi soir à 20 h. Ils ont invoqué leur droit de retrait: puisque la sécurité n'est pas assurée, ils sont autorisés à ne pas prendre leur service.

Hier, aucun tram n'a circulé. Il devrait en être de même aujourd'hui. Leur mécontentement couvait depuis plusieurs semaines. Les difficultés de mise en route de cet engin d'un nouveau genre amenaient les voyageurs à se plaindre. Les conducteurs en première ligne recevaient toutes les doléances. Ils devaient également composer avec les aléas du matériel, à l'isolation électrique peu fiable et aux galets de guidage capricieux.

L'accident de mardi soir a cristallisé leur colère. Lors d'une procédure de relevage des galets de guidage, un incident a perturbé le chauffeur. Il a oublié d'aller au bout de sa procédure de "solidarisation" de la rame et a démarré avec un arrière ballant. Celui-ci est allé heurter un poteau, les vitres se sont brisées, trois personnes ont été blessées. Les conducteurs ne veulent pas se voir mis en première ligne en cas de problème. "Notre préoccupation est de transporter les gens et nous n'aimons pas le faire dans de mauvaises conditions", dit Alain Bertrand, partageant en cela les inquiétudes des chauffeurs. Ceux-ci veulent que les trams soient immobilisés pendant le temps nécessaire à Bombardier, le constructeur, pour mettre en place de nouvelles procédures de sécurité. Ces procédures ont été préconisées par la direction de l'Equipement, après analyse de l'accident. Du côté de la compagnie de transport et de la communauté urbaine du grand Nancy (CUGN), le souhait serait plutôt de rouler avec le matériel en état de marche, soit treize rames, mais sur un parcours réduit, complété par des bus. "Le choix des élus de la communauté est de ne pas revenir en arrière", a indiqué Thierry Marchal, directeur des services de la CUGN et responsable du dossier.

Le retour au plan de transport antérieur est impossible, faute de matériel. Après une journée de négociations, les conducteurs ont symboliquement rendu leur licence de conduite. Ils sont prêts à conduire des bus articulés, en circulation sur le site propre du tram.

Depuis deux jours, les usagers des transports en communes n'ont cessé de manifester leur grogne, en particulier à l'encontre du maire de Nancy, André Rossinot. Les soucis du tramway ne semblent pas affecter celui-ci: hier soir, lors d'un meeting, il affirmait que "l'on peut arrêter le tram, mais pas la démocratie". J. B.

 

Edition Èlectronique Republicain Lorrain du vendredi 9 mars 2001