Bourgogne. L'EMT de Dijon rénove sa « sablerie »

 

La sablerie du site de Perrigny à l'Établissement de maintenance et de traction (EMT) de Dijon a été vêtue de neuf à l'automne. Les derniers travaux, des ouvertures dans les fours pour faciliter la maintenance, ont été terminés la deuxième semaine de décembre, même si le lifting de la grande tour en tôle ondulée qui domine le site du haut de ses 28 m avait commencé au début du mois d'août. Cet édifice un peu spécial abrite l'un des deux derniers centres, avec Les Aubrais, de traitement du sable à la SNCF. Sable utilisé pour améliorer l'adhérence roue-rail des locomotives. La corrosion des tôles du bardage et des escaliers d'accès nécessitait une intervention importante de remise en état. Des modifications, pour permettre une maintenance plus aisée sur les fours et les cribles ont été réalisées lors de ces travaux.

Deux entreprises ont travaillé sur ce chantier nécessitant la présence de spécialistes des travaux délicats en altitude, et des engins spéciaux à nacelles utilisés. Le nouveau bardage en tôle d'acier prélaquée donne à la sablerie une belle couleur « vert tilleul ». Une enseigne de 90 cm sur 300 cm, portant le sigle SNCF a été installée sur la face Est de l'édifice, afin d'être vue depuis la ligne Dijon - Belfort.Le coût de l'opération - qui a été financée par la Délégation à la traction - s'est élevé à 681 500 francs.

Le contact des roues avec les rails, tous deux métalliques, est parfois difficile à garder, surtout lorsque les conditions climatiques se dégradent (pluie, neige, feuilles...). Pour améliorer l'adhérence, la projection de sable en faible quantité sur le rail juste devant les roues, est un bon remède. Mais, attention, pas n'importe quel sable ! Du lit de la Loire où le sable transformé à Perrigny est puisé, jusqu'à son éjection sous les roues d'une locomotive dans une rampe de 10 mm/m, le sable subit un traitement approprié à sa difficile utilisation. Chaque semaine, huit tombereaux de sable humide, dit sable vert, arrivent à l'EMT, en provenance de Decize (Nièvre) sur les bords de la Loire. Ce sable n'a pas l'assèchement et la granulométrie nécessaires pour être utilisé dans les sablières des locomotives. Il va donc être traité par la «sablerie » de l'établissement. Extrait des tombereaux à l'aide d'une benne preneuse et d'un pont roulant, le sable est acheminé vers les deux trémies à sable humide. Ces dernières alimentent quatre fours rotatifs équipés de brûleurs à gaz naturel, par l'intermédiaire d'un système de régulation (soles doseuses). La chauffe du sable s'effectue à une température comprise entre 160 et 180 degrés, qui supprime l'humidité. Le sable descend ensuite par gravité sur des tamis vibrants où il est calibré pour obtenir la « granulosité » nécessaire. Puis stocké dans deux trémies à sable sec avant d'être conditionné pour l'expédition. Grâce à une installation sophistiquée, un dépoussiérage par aspiration a lieu au cours des différentes opérations du traitement. Le conditionnement et la distribution du sable ainsi traité va s'effectuer selon deux modes; par wagons spéciaux équipés de deux « bombes » (deux réservoirs en forme de champignon) d'une capacité totale de 13,6 m3 ou par palette de cinquante sacs de 15 kg chacun. Le remplissage des wagons spéciaux s'effectue par gravité. Ils sont destinés aux établissements équipés d'un dispositif de vidage par air comprimé. Trois-cent-vingt d'entre eux quittent chaque année la « sablerie » de Dijon pour les établissements des réseaux Sud-Est, Nord-Est et une partie de ceux du réseau Atlantique Pour les utilisateurs non équipés d'un tel dispositif ou pour des utilisations plus ponctuelles, la livraison s'effectue en sacs. Un appareil spécialement conçu pour ensacher le sable et fermer le sac papier par coutures, permet de livrer environ 60 000 sacs par an. Deux wagons tombereaux évacuent chaque semaine les déchets (non acceptés par les tamis lors du calibrage), vers Culoz (Ain) où ils sont utilisés comme remblais. Les déchets produits par l'installation de dépoussiérage sont traités par une société privée. La production est assurée par une équipe de six personnes : Régis Martin, chef d'équipe, Gaétan Mordier, Michel Petitto, Dominique Rouget, Philippe Boiteux, Guy Babe, des agents spécialisés dans la conduite du pont roulant, des fours, de la machine à ensacher et dans la réalisation des manœuvres à l'aide d'un locotracteur. Ils travaillent en 4 x 12.

La « sablerie » de Dijon ne fournit pas que la SNCF. Des livraisons sont régulièrement effectuées à destination d'entreprises utilisant du matériel ferroviaire dans leur logistique (la métallurgie, les sucreries, les céréaliers, EDF, Peugeot, AIstom,...). Des expéditions ont lieu vers des compagnies privées de chemin de fer, comme les CFTA, et une compagnie minière au Gabon.

Gérard JEANNINGROS LVDR du 17-01-01

Les chiffres

- 6 450 m3 de sable humide sont achetés par l'EMT en wagons tombereaux de 15 m3.

- 4 400 m3 de sable sec sont livrés en wagons spéciaux.

- 700 m3 de sable sec sont livrés sous forme de 60 000 sacs papier de 15 kg.

- Coût d'un kilogramme de sable traité (achat, main œuvre, énergie, amortissement des installations...) : un franc. G. J.

 

Les centrales à sable de la SNCF

Aujourd'hui, seules deux centrales à sable subsistent en France : Les Aubrais et Perrigny. Cette dernière assure 70 à 80 % de la production nationale. Mais, jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, chaque dépôt possédait sa propre installation de production de sable sec. Cette dispersion coûtait cher en entretien et en exploitation. De plus, le sable, extrait souvent localement, n'avait pas toujours les qualités requises : pas assez efficace pour l'anti-patinage ou les enrayages, ou trop agressif pour les aciers des roues et du rail. Le nombre des installations a donc progressivement diminué. G. J.