A la gare de Niversac des voitures de la SNCF désaffectées sont stockées sans la moindre surveillance.

Elles sont taggées, squattées, ce qui émeut certains amoureux des wagons. Elles attendent en fait d'être vendues, un jour ou l'autre.

Qui n'a pas remarqué en passant à Niversac ces voitures de la SNCF dont certaines sont garées là depuis plusieurs années. Ce sont pour la plupart des fourgon-générateurs en inox qui sont en attente. Attente de quoi ou de qui?

" D'être vendus ", répond la SNCF. En effet ces voitures sont des modèles qui n'ont plus cours: :

"Ce sont des voitures en inox utilisées sur Paris-Lille-Bruxelles, Paris-Strasbourg entre 1960 & 1980. C'étaient des Trans-Europe-Express avec un grand confort, la climatisation, des stores électriques, une bonne suspension etc." explique Etienne Gauthier de l'établissement SNCF du Toulon à Périgueux. Il y avait aussi des "inox" sur les lignes de banlieues jusqu'au début des années 80.

L'arrivée du TGV les a mises au rancart et sur les autres lignes elle ont été remplacées par des trains Corail (et surtout par des vieilles voitures verte et grises... NDL'E) par souci de modernité et rentabilité. Ces voitures sont devenues totalement obsolètes avec une maintenance très lourde et très chère, et une sécurité en cas d'accident pas toujours très bonne: "Elles ne fonctionnent qu'avec des fourgon-générateurs chargés d'un groupe électrogène qui fournit de l'énergie à toute la rame ce qui fait qu'on ne peut pas les mélanger avec un Corail."

"Quant aux Grill express, ils ne correspondent plus à la politique de restauration de la SNCF". Un réemploi très difficile pour ce matériel même si des cheminots affirment que leur système de climatisation placé sur le toit était plus logique (le froid tombe) et plus fiable car l'air aspiré est propre.

Vente ou destruction?

Alors que faire de ces voitures qui ont eu leurs heures de gloire? Pas question de les réhabiliter car ça coûterait trop cher et elles ont fait leur temps depuis trente cinq ans qu'elles roulent. Seule solution: les revendre à des pays qui les trouvent encore potables ou les détruire. Elles sont des centaines de voitures garées aux quatre coins de la France dont une dizaine à Niversac et une quinzaine à Terrasson. " On a vendu des "inox" au Gabon, au Sénégal et on est sur un projet de vente de 47 voitures à couloir central à Cuba. Le problème c'est que ce matériel ne peut être vendu qu'à des sociétés de chemin de fer souvent appartenant à des pays en voie de développement mais ils n'ont pas l'argent". A Niversac ce sont principalement des fourgon-générateurs qui sont stockés. Il n'y a personne pour les surveiller et ils sont taggés en permanence quand ils ne sont pas squattés bien que les portes soient condamnées et les serrures démontées.

Certaines voitures Grand Confort, celles du CAPITOLE ou de l'Etendard, subissent le même sort. Elles attendent d'être vendues ou détruites. De l'argent qui dort mais ce matériel ne se vend pas comme une voiture d'occasion. La SNCF est peut-être un peu gourmande dans le prix qu'elle veut en tirer. Ce furent de voitures de luxe, mais aujourd'hui elles en sont loin. Même pour des pays en voie de développement. Alors elles restent sur leurs rails et attendent à Niversac comme ailleurs.

Claire Delbos La Dordogne Libre 28-10-98