Voici les premières réactions publiées après le coup de gueule d'un permanent traction. Seul un probable ancien délégué syndical, un abominable l....-..l, ou un malvoyant, n'est pas d'accord avec le coup de gueule.

Je ne veux pas en rajouter une couche, mais en moins d'une semaine, j'ai vécu 2 incidents typiques;

- le mécano d'une UM de TGV n'a pas voulu couper les 2 rames; conclusion, c'est son collègue à sa PS qui lui fera son boulot. Je ne le fait plus depuis que j'ai compris qu'on me prenait pour un larbin (sauf si on me le demande gentiment ou si l'ADC doit attraper une correspondance et que lui ou le PRS m'avise)

- le mecano n'a pas été commandé correctement alors il laisse le TGV en plan sous gare, et demmerdez-vous esclaves-nettoyeurs pour vous déplacer vous mêmes, et à vos frais ( 2 km à pieds, ça use...)

Un autre exemple pour la route;

- lors d'une précédente grêve, les ADC non grévistes se pointent, mais le PC supprime leur trains et les renvoies chez eux... Autrement dit, il y a le personnel, le matériel, NOS CLIENTS QUI NOUS PAIENT NOS SALAIRES, mais "vous pouvez retourner chez vous, vous ne faites rien aujourd'hui!" Bien sûr, seuls les TGV de Paris roulent...

 

Dialogue. Un coup de gueule qui fait couler beaucoup d'encre notre numéro 2779 du 10 janvier nous avions publié le témoignage d'un permanent traction qui dénonçait un certain nombre de dysfonctionnements. Ce "coup de gueule" a suscité un abondant courrier. A une exception près, toutes les lettres reçues par La Vie du Rail soutiennent ou corroborent les propos de Roland Sermet. En voici un vaste échantillon.

 

Qui aime bien châtie bien

Je me dois de vous dire combien m'a été sensible votre témoignage si saisissant et si plein de vérité sur l'exécution du service SNCF au quotidien. Retraité, déjà de longue date, j'ai passé pour ma part 40 ans dans cette grande entreprise et me suis trouvé progressivement en charge de la gare de Toulouse dans le cadre de la circonscription Ex de Toulouse Centre.

Dieu merci, je n'ai jamais connu les trains "calés", les suppressions inconsidérées d'acheminements ou de dessertes, ni les aléas déconcertants que vous relatez.

Pourtant, les temps ne sont pas si lointains où, moins de mouvance dans l'organisation aidant, il eût été impensable de pénaliser le trafic par l'appauvrissement démesuré du parc d'engins moteurs, par des sujétions d'entretien irréalistes, ou tout simplement encore par l'acceptation d'attitudes désinvoltes et irresponsables dans l'exécution du service.

S'agissant de la formation du personnel, il me plaît de rappeler, en toute modestie, qu'après avoir été à mes débuts l'homologue Ex (mineur) des apprentis MT, puis élève de l'EFG de Louvres aux côtés de mes collègues VB et MT, j'ai, après avoir accédé aux responsabilités, assuré mes fonctions en parfaite symbiose avec les permanents du PC, les chefs de Dépôts et les chefs de Traction.

Nous avons partagé ensemble la même motivation pour un service fiable et de qualité, et nos relations de retraités en portent encore l'empreinte.

Temps heureux, direz-vous ! Mais la situation étant ce qu'elle est, il fallait parler vrai ! Vous l'avez fait (et ce n'est pas si facile en activité)...

Bravo ! Qui aime bien châtie bien !

Sachez enfin qu'ici, à Toulouse, bien d'autres lecteurs avertis partagent mon sentiment de gratitude à votre égard, car nous sommes nombreux à penser que l'incohérence, l'irresponsabilité, voire l'incompétence ne doivent pas perdurer, où qu'elles se situent. Sans cela, l'entreprise SNCF risque de voir sa crédibilité de plus en plus fragilisée alors même qu'elle bénéficie de contributions accrues, mais non intangibles, de la part des conseils régionaux, et que la libéralisation du transport ferroviaire au niveau européen, porteuse d'une concurrence redoutable, se fait de plus en plus pressante. Croyez bien, cher Monsieur Sermet, à mes sentiments très cordiaux et les meilleurs.

René Tastayre, Toulouse (Haute-Garonne)


 

Choqué par cette publication

En tant qu'ancien tractionnaire, j'ai pu le lire en entier sans me sentir trop perdu. Je me demande si pour des non-cheminots, et même pour certains cheminots, cet article n'est pas de l'hébreu. Que M. Sermet vous fasse part de ses états d'âme, personne ne peut s'y opposer Que votre magazine les publie sur deux pages me choque. Sans vouloir entrer dans une polémique, je pense qu'une revue qui peut être lue par tout le monde et qui est liée à la SNCF ne devrait pas publier de tels articles, dans lesquels l'entreprise et ses dirigeants sont montrés de façon très négative. Je ne vois pas ce qu'une telle publication peut apporter de concret. M. Sermet fait référence au transport routier. Je voudrais connaître la réaction d'un "patron routier" si l'un de ses chauffeurs faisait publier dans un magazine un article dans lequel il dénigrerait son entreprise et son patron.

Rigaud Roger Vern-sur-Seiche (Ile,et-Vilaine)


Digne du Père Ubu

Le témoignage de mon collègue prouve, s'il en était besoin, que notre haute hiérarchie est plus préoccupée par sa carrière et ses petites guerres entre services différents, et grandes écoles différentes, que par ce qui se passe réellement sur le terrain !

La surenchère syndicale n'arrange rien à la situation actuelle où, sous couvert de « paix sociale » les arrangements locaux bloquent tout, au détriment des clients Fret et Voyageurs, si ce n'est aux dépens des régions voisines : une telle région ne veut pas de telle ou telle série d'engins ? Telle autre région s'en arrangera (à charge pour elle de « négocier » avec ses syndicats locaux !). A tel point que je me demande s'il ne serait pas plus profitable de laisser négocier entre eux les syndicats. Le résultat de ces négociations serait peut-être curieux !

Je me demande même parfois s'il n'y a pas une collusion à très haut niveau entre direction et syndicats : en cas de grève à la Traction, même si le pourcentage de grévistes ne dépasse pas 10 % ; il y a 70 % de trains supprimés. Ce qui permet aux syndicats de claironner : « La grève est un succès : 70 % de tains calés ! » et la: direction nationale de se plaindre auprès de ses ministères de tutelle, Transports, Fonction publique, Finances : « Vous nous empêchez d'embaucher et/ou d'augmenter les salaires de nos agents : résultats : 70 % de trains supprimés ». De qui se moque-ton ? Combien de fois ai-je vu des trains et TGV archi-bondés pour cause de suppression, alors que les agents et matériels étaient en place pour assurer leurs trains respectifs. Mais, ordre de Paris : « Application du programme de 1ère urgence : les trains n" W, X, Y et Z seuls circuleront normalement » ; pour tous les autres : à la trappe (sans se soucier de la présence réelle des conducteurs, contrôleurs, et du matériel nécessaire) ! C'est digne du Père Ubu !

Par contre, les TGV assurés par des ADC parisiens roulent quasi systématiquement ces jours-là. Curieux, n'est-ce pas ? (du moins, sur le réseau Sud-Est). Ras-le-bol de l'hégémonie parisienne !

Si les dirigeants tant nationaux que locaux étaient soumis à l'obligation de résultats, avec pénalités financières en cas d'échecs répétés, certains devraient payer pour venir travailler à la SNCF !

Monsieur Rol-Tanguy, grand patron du Fret, affirme haut et fort que, « si quelqu'un me propose 50 locomotives à louer je les prends tout de suite ». Via la revue interne Fret et par un e-mail via le site Web de la SNCF, je lui ai rappelé l'existence de 25 locomotives électriques 25 kV disponibles, aptes à l'UM, ayant déjà fait des essais concluants en France (dépôt de Mohon, en 1991). Elles s'appellent E491/E 492, immatriculées aux FS italiens, et sans emploi actuellement. Ces locs avaient déjà été pressenties pour une location durant la mise au point calamiteuse des BB 26000 !

Je vais finir par croire, et je ne pense pas être le seul dans ce cas, que nos grands patrons supportent très mal le fait que des cheminots bas de gamme puissent avoir des idées intelligentes et pertinentes, allant dans le sens d'une amélioration du service.

Je rejoins tout à fait l'écoeurement de mon collègue face à la future GPA : dans la gestion du parc de locomotives, on revient aux errements des anciens réseaux, avec des parcs d'engins spécialisés, avec des incompatibilités totales. Pendant qu'on y est, pourquoi ne pas revenir à la traction vapeur avec ses séries bien distinctes : Pacific pour les rapides et express, Mikado pour les messageries, Décapod pour les marchandises lourdes, machines tender pour la banlieue, Ten Wheel pour les omnibus, etc. Ayant été assistant gestion locs au dépôt de Perrigny, il m'est facile de prévoir le futur côté ingérable de séries trop spécifiques. Imaginons : « J'ai 5 BB 427000à dispo dans les feuilles, j'ai 4 trains de voyageurs à couvrir ça fait 4 trains "à poil" - les 427000 étant dépourvues des câblots de chauffage 1 500 V ».

Voilà le grand problème de la SNCF : nous n'avons plus, hélas, que des gestionnaires qui veulent faire 3 trains avec 2,7 conducteurs et 2,5 locomotives et qui ignorent royalement les avis émanant du terrain. Comme aurait dit Coluche : « J'ai pas trouvé la virgule, alors j'en ai mis trois ! » Comme le souligne très justement mon collègue Roland Sermet, le chemin de fer ne se gère pas comme une épicerie. Au bout de 23 années de carrière à la Traction, j'ai de plus en plus le sentiment que la SNCF est en train de s'étrangler coincée entre une direction sourde et des syndicats aveugles.

Dominique Robin Talant (Côte-d'Or)


Pas de langue de bois

Bravo, j'écris pour la première fois dans le « courrier des lecteurs ». Depuis 19 ans au Poste de commandement de Paris-Sud Est, je ne peux rester indifférent au coup de gueule de mon collègue de Lyon.

Les lieux changent mais les problèmes exposés sont identiques. Je ne reprendrai pas point par point ses affirmations, mais je les confirme. Si vous recevez du courrier de mécaniciens indignés, quoi dire aux voyageurs de trains supprimés parce que la machine à café ne fonctionne pas ou qu'il n'y a pas d'ouvre-boites dans un foyer... Ce ne serait pas nécessaire d'augmenter le nombre d'agents « commerciaux » pour justifier des retards ou des suppressions si chacun travaillait pour la SNCF et non pour sa branche d'activité. Continuez à publier des articles dans la rubrique ,« dialogue », qui n'emploie pas la langue de bois.

Alain Pauchard Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne)


La misère côtoie le flamboyant

Je salue le courage exemplaire de Roland Sermet que j'aurais voulu féliciter de vive voix. A partir de maintenant, il a intérêt à raser les murs car on ne tolère guère dans la profession de tels "délateurs". Et pourtant ! quelle actualité, peu visible de l'extérieur !

Hélas ! comme lui et après 40 ans de service passés dans ce climat, je ne peux que constater, impuissant, les dysfonctionnements criants que cache le Chemin de fer. Sans parler d'un sous-équipement préoccupant dans les installations fixes (voie) malgré un certain progrès technique : la misère à côté du flamboyant que représente le TGV. Tous les gouvernements successifs sont coupables. Figurez-vous que j'hésitais à laisser tomber mon abonnement à LVDR ! Et bien ! si cela continue, je reste avec vous.

Roger Vidal Atur (Dordogne)


Dans le bon sens

M. Sermet a eu le courage de dénoncer les agissements aberrants des uns et des autres, exécutants tractionnaires inconséquents appliquant les consignes d'organisations syndicales ou cadre confectionnant des roulements inapplicables, entre autres. Ne soyons pas étonnés du nombre élevé de trains de marchandises calés pour des motifs inavouables ou de certaines suppressions de TER. Comment faire prendre conscience que les conduites incohérentes sont nuisibles et préjudiciables pour l'entreprise ? J'avoue que je taxais La Vie du Rail de prêter une oreille trop attentive aux doléances exprimées par certaines OS. Je reconnais que la publication de ce témoignage authentique qui dénonce des surenchères va dans le bon sens.

Michel Durant Nomain (Nord)